Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les prix d’un.e graphiste étaient si élevés ? D’une manière générale, vous vous demandez comment on fixe nos tarifs ?

Nous allons donc faire le point ensemble pour vous aider à comprendre ce qui fait le prix d’un graphiste freelance, ou bien vous aider à fixer le vôtre, si vous vous lancez à votre compte.

Évidemment, tous les clients que l’on rencontre aimeraient que leur projet soit beau, rentable et le moins cher possible. Mais vous vous imaginez bien que tout travail mérite salaire, surtout quand il est de qualité. Alors OUI mon métier est une passion, mais je l’exerce également pour en vivre et pour pouvoir continuer à l’exercer le plus longtemps possible. Et disons-le une fois pour toute, NON, on ne peut pas avoir du BEAU, du RAPIDE et du PAS CHER en même temps 😉

 

1. La valeur du travail de graphiste

J’entends souvent « Je n’imaginais pas que votre travail représentait tout ça ! ». Dans un premier temps, j’aimerais donc aborder avec vous la valeur de notre travail et le temps passé sur une création, quelle que soit sa nature (identité visuelle, site internet, illustration, etc…). En réalité, on vend bien plus qu’un logo, un dessin ou du design web quand on travaille sur un projet, c’est un peu plus complexe que ça !

 

1.1  Le travail préparatoire à la création

Les recherches

Toute création visuelle commence par un moment d’étude et de recherche. Une fois le brief client analysé, je rentre dans ce que j’appelle la phase d’immersion. C’est le moment où je m’intéresse à l’activité de mon client, ce qu’il fait, le contexte, son histoire… et où je fais de la veille (éléments graphiques, couleurs, typographies, photographies, formats…). J’effectue également une veille concurrentielle afin de prendre connaissance des entreprises exerçant dans le même domaine d’activité. Ce travail préalable peut se montrer très conséquent selon le volume du projet.

Les essais

Avant de vous fournir des propositions, je teste et expérimente des créations au crayon ou sur mes logiciels. Je teste des couleurs, des formes, des typographies, la taille et l’emplacement des éléments… Ce temps d’expérimentation, bien qu’il représente une grande partie de notre travail, est hélas trop souvent négligé ou oublié par le client. Vous l’aurez compris, les propositions qui vous sont fournies ne sont pas un « premier jet ». Elles ont bien souvent nécessités quelques heures de travail en amont. C’est là que l’imagination s’opère ! En bref, on crayonne, on réfléchit et on vous propose le meilleur.

 

1.2  Le temps passé

Le premier rendez-vous

Tout projet débute par un premier rendez-vous. Qu’il soit par téléphone, au travers d’une rencontre, par visioconférence, il est indispensable pour comprendre les attentes d’un client et cerner la nature d’un projet. Cette première étape peut durer de 30 min à plusieurs heures selon la complexité du travail demandé.

La rédaction du devis et des factures

Qui dit freelance dit également entrepreneur, et donc gestionnaire d’une entreprise ! La gestion administrative et comptable d’une activité indépendante demande là aussi quelques heures de travail par mois ! Avant tout début de projet, on soumet une offre tarifaire au client qui se finalise par la rédaction d’un devis. Pour cela, il faut estimer le temps consacré à la réalisation du projet, calculer son montant global et ses coûts secondaires. On doit également très souvent rédiger une cession des droits d’auteur et d’exploitation (car oui, toute création est une œuvre, et toute œuvre détient des droits d’auteur). Pour accompagner l’offre, on peut être aussi amené à rédiger un dossier contenant les explications et/ou justifications que l’on souhaite apporter à sa proposition pour motiver le client. À cela, s’ajoute le suivi de dossier : l’émission et l’envoi des factures d’acompte et des factures de solde.

Les allers retours

Les allers-retours ou vagues de modifications/corrections représentent le moment où l’on soumet une proposition à laquelle le client souhaite apporter certains changements. Le graphiste va donc rentrer dans une nouvelle phase de travail pour soumettre une nouvelle proposition et être capable de répondre aux besoins énoncés afin de satisfaire le client. En général, le nombre d’allers-retours est limité et stipulé sur le devis (c’est préférable). Chaque phase de modification non énoncée au préalable devra faire l’objet d’un avenant au contrat. Tous les allers-retours, en fonction de leur nombre, ont un impact important sur le tarif d’une prestation, il est donc très important de limiter les abus.

Les échanges

On a souvent tendance à les oublier ! Les échanges au cours du projet, et les questions de chacune des parties vont là aussi demander du temps. Quel que ce soit le moyen de communication choisi (téléphone, visioconférence, rencontre physique), ces temps d’échange et les déplacements font parti à part entière d’un projet, et sont donc inclus dans le tarif d’un freelance. Vous pourrez donc très souvent retrouver l’intitulé suivant dans vos devis : « gestion de projet ».

La création

La création, mais ouiiiiiiii ! Le cœur du métier de graphiste ! Ces temps de conception, d’exécution, semblent évident, mais peu de personnes imaginent le temps que nécessite la création d’un site web, d’un logo ou d’une identité visuelle. Le temps lié à la conception d’un projet fluctue selon la nature de la mission, sa complexité et les éléments qu’il comprend. Tout cela influe donc sur le tarif.

La préparation des fichiers

Vous avez validé votre projet, super ! Mais attention, le travail est loin d’être fini. On peut encore consacrer plusieurs heures à la préparation des fichiers pour l’impression ou la mise en ligne d’un projet. Selon si le client souhaite être accompagné jusque là, on peut être amené à effectuer la gestion et le suivi de fabrication. Et oui, cela nécessite encore du temps, et des fois même beaucoup, selon l’exigence d’un client !

 

2. Les coûts d’une entreprise

Dans cette partie, vous découvrirez qu’une grosse partie des revenus d’un freelance ou d’un entrepreneur servent à payer les impôts et cotisations, les frais professionnels et à créer une trésorerie. Vous allez très vite comprendre pourquoi ces tarifs sont pratiqués, et pourquoi ils ne sont finalement pas si élevés que ça, malgré les apparences !

Qu’il soit graphiste, développeur, chef de projet… un freelance est gérant d’une entreprise, avec tous les frais que cela engendre. Son chiffre d’affaire n’est donc pas représentatif de son salaire. Même si un prestataire de service tel un graphiste ou un développeur n’a pas de coût de production à proprement parler, son chiffre d’affaire n’équivaut pas à son bénéfice. Voyons donc les coûts et facteurs qui se cachent derrière tout ça !

 

2.1  Les charges variables

Les cotisations sociales

Ahhhh les cotisations !!! Tout travailleur indépendant doit s’acquitter de cotisations sociales, plus ou moins importantes selon son statut juridique (portage salarial, dirigeant de SAS ou d’EURL, micro-entrepreneur…) et la nature de son activité. Dans un premier temps, on va donc soustraire les cotisations sociales et fiscales de notre chiffre d’affaire. Le taux des cotisations pour les prestataires de services BNC (Bénéfice Non Commerciaux) est de 22,2%. Pour une EURL, il faut savoir que les charges salariales sont bien plus élevées (entre 35 et 50%).

Les impôts

Les auto-entrepreneurs peuvent, à condition de respecter des critères de revenus, opter pour le Versement Fiscal Libératoire (VFL) de leur impôt sur le revenu. Encore une fois, les taux appliqués au chiffre d’affaire dépendront de la nature de l’activité exercée :
* Activités de ventes et assimilées : 1%
* Activités de prestations de services artisanales et commerciales : 1,7%
* Activités libérales : 2,2%. Ayant opté pour ce mode de prélèvement, je donne donc 2,2% de mon chiffre d’affaire aux impôts.

La contribution à la formation professionnelle

Parmi ces charges, vous trouverez également la Contribution à la Formation Professionnelle. Il s’agit d’une cotisation permettant aux indépendants de cotiser pour la formation professionnelle et ainsi bénéficier de droits à la formation. Ces taux varient encore une fois selon le type d’activité exercée. Pour les graphistes (activités libérales et les prestations de services commerciales), ce taux est de 0,2%.

La taxe pour frais de chambre consulaire

Cette taxe sert à financer les Chambres Consulaires comme la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) ou la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA). Les commerçants et artisans se verront attribuer un taux variant entre 0,015 et 0,48, selon l’immatriculation de l’entreprise. Personnellement, mon statut à la MDA fait que je ne suis pas redevable de cette taxe.

 

2.2  Les charges fixes

Les frais professionnels

Dans un premier temps, je dois comptabiliser les frais de fonctionnement mensuel de mon entreprise (environ 25% du CA). Cela comprend la communication, la formation, l’électricité… À cela, ajouter les frais de matériel (ordinateur, crayons, imprimante, papiers…), les abonnements divers (Suite Adobe, logiciel de comptabilité, téléphone, internet, serveurs, plugins…), les frais de déplacement (voiture, train) pour assurer le suivi des relations client. Personnellement ce n’est pas mon cas, mais certains freelances ajoutent également le coût de la location d’un espace de travail (coworking ou bureau privé).

La CFE

C’est la Cotisation Foncière des Entreprises, anciennement appelée taxe professionnelle. Elle est assimilable à la taxe foncière des particuliers. Son montant varie entre 200 € et 2.200 € environ, selon notamment le chiffre d’affaire, mais aussi selon la valeur locative du bien occupé pour l’activité et le taux voté par la commune de domiciliation de l’entreprise. NB : le statut d’Artiste-Auteur à la MDA permet  aussi d’être exonéré de cette taxe.

 

2.3  Le temps non facturable

Pour un freelance, travailler c’est aussi prospecter, gérer sa comptabilité et développer son activité. Ces tâches font partie de notre quotidien d’entrepreneur. Et pourtant elles n’amèneront aucune rémunération, contrairement à un salarié qui est payé chaque jour de l’année, et ce même pendant ses congés.

Et oui les vacances !  Il ne faut pas oublier de prendre en compte les congés que l’on va prendre durant l’année. Durant cette période, le freelance ne gagnera pas d’argent. Un freelance doit donc pouvoir disposer d’une avance de trésorerie pour gérer son départ en congé sereinement. En effet, contrairement à un salarié, le freelance n’a ni congés payés, ni assurance chômage, ni indemnité de licenciement, ni prime de précarité, qui sont des avantages salariaux payés par les employeurs.

 

2.4  Cas concret : calcul de mon tarif journalier

Bien souvent certaines personnes ont tendance à multiplier le tarif journalier d’un freelance par 30 jours, ce qui vous donne un chiffre astronomique, on est d’accord ! Mais c’est un peu plus compliqué que ça n’y paraît, voyons cela dans le détail.

Je travaille 5 jours par semaine = soit 250 jours par an. Soustrayez à cela mes jours de congés = soit 5 semaines (25 jours). Il se peut également que je tombe malade pendant l’année. Enlevons une semaine. Je travaillerai donc 220 jours par an. Cependant, je dois penser au temps que je passe sur toutes les tâches nécessaires à mon activité, hors missions. Si on les estime à 40% de mon temps, seulement 60% des 220 jours seront facturés = Soit 132 jours.

Ainsi, en partant sur le salaire moyen d’un cadre français de 4.000 euros brut, (source APEC), soit 48.000€/an, nous obtenons le calcul suivant (ce chiffre brut est à définir en fonction des dépenses et de l’expertise du freelance) = Taux journalier que je devrais avoir : 
48.000€ divisés par 132 jours facturés = 363€/joursoit un taux horaire de 52€.

ATTENTION ! Si vous avez tout suivi jusqu’ici, cela ne signifie pas que j’aurais 363€ dans ma poche pour une journée de travail, car à cela je vais devoir soustraire toutes les charges fixes et variables que j’ai listé ci-dessus.

 

3. La valeur ajoutée

Le conseil

Lorsque l’on est une graphiste senior comme moi, on est capable de vous guider, vous conseiller, vous orienter, afin de répondre à vos besoins de la meilleure des façons. Ces conseils ne sont pas gratuits et son inclus dans le prix d’une prestation. Ils sont l’expertise d’un travail professionnel de qualité. Ces conseils ont pour but de vous aider à faire émerger un projet rentable, avec un Retour Sur Investissement.

Le sur-mesure

Pour que votre affiche, votre site internet ou votre logo ne ressemblent pas à celui du voisin, il est important de choisir une personne expérimentée qui va vous faire un projet unique, qui vous ressemble, qui doit faire transpirer la personnalité de l’entreprise, du projet, et parler au type de clients que vous ciblez. Le « pas cher » ce n’est pas du sur-mesure ! Votre prospect veut un logo pour moins de 250€ ? Fuyez ! Attention aussi à ne pas tomber dans le panneau du ‘pas cher’, car certains graphistes proposent des logos ou site internet pré-faits et que vous pourrez donc retrouver partout.

Les compétences

Les compétences varient d’un freelance à un autre : son niveau d’étude, ses années d’expérience, ses formations, ses investissements professionnels, mais aussi selon l’expertise acquise dans certains milieux, ses précédents clients, postes ou missions. Pour résumer, un professionnel expérimenté vous apportera de la valeur. Une valeur unique créée pour vous, qui vous aidera ainsi à vous démarquer.

L’expérience

Le graphisme quel que soit son support, imprimé ou numérique, implique davantage de compétences et de connaissances que de simplement changer la couleur d’un titre ou modifier la disposition et la taille d’une image. Sans surprise et comme dans n’importe quel métier, le niveau d’expérience d’un graphiste a un impact important sur ses tarifs. Lorsque vous comparez un freelance avec plus de 15 ans d’expérience avec un freelance junior, vous remarquerez forcément un écart de prix, mais évidemment aussi un écart de compétences.

Un graphiste freelance débutant qui se lance dans une activité freelance, doit facturer au moins 300/330€ la journée s’il ne veut pas travailler à perte et dans de bonnes conditions. Un graphiste freelance expérimenté, lui, va petit à petit augmenter ses tarifs et progressivement arriver à 400 voir 600€ la journée, pour certains encore plus.

Un conseil ! Si vous souhaitez vous démarquer et que votre communication reflète votre image et vos valeurs, choisissez un graphiste professionnel expérimenté, à votre écoute et qui travaillera pour vous dans le but de créer un projet unique et efficace. Petit rappel final avant d’en finir avec le tarif d’un freelance ! Lors de vos prochaines demandes de devis, gardez en tête les facteurs suivants :

* Comptez le temps non-facturable : administratif, communication, prospection…
* Pensez aux charges de votre prestataire : les cotisations, les impôts, les frais pro…
* Prenez en compte : l’absence de congés payés, d’indemnités chômages,…
* Apprenez à connaître : la valeur ajoutée de votre graphiste (compétences, conseils…), les facteurs externes (situation géographique, expérience…).

 

Le mot de la fin

Un graphiste indépendant ne doit donc pas fixer le prix de sa prestation en fonction du client, mais en fonction de la valeur de son travail et des charges de son entreprise. La durée du projet et sa complexité sont les seuls éléments variables résultants du prix final. Alors la prochaine fois que vous serez tenté de penser que mon tarif est trop élevé, rappelez-vous cela. Le métier de graphiste est un métier qui demande du temps et de nombreuses heures de travail. Je vous l’accorde, certains projets engendrent des coûts plus ou moins élevés selon les demandes, mais les tarifs pratiqués sont fixés à juste titre pour le travail accompli.

L’enveloppe communication est à prévoir dans son budget comme on le ferait avec n’importe quel autre fournisseur. Pour vous faire une petite idée, je vous invite à comparer le tarif horaire d’un graphiste freelance avec celui d’un serrurier (70€/h environ), celui d’un garagiste (70€/h environ) ou celui d’un comptable (90€/h environ). Vous l’avez sans doute compris : la justesse d’un tarif journalier ou d’un tarif horaire est aussi une garantie de viabilité pour une entreprise, et par conséquent, un facteur important de sérénité.